Charles Baudelaire

Biographie Baudelaire

Charles Baudelaire est le type même de l’écrivain qui se sentira toute sa vie « mal dans sa peau ». Très tôt, avec une enfance privée de père, il aura le sentiment de solitude et l’esprit de révolte. Peu intéressé par la société et ses évolutions, il restera en marge de cette dernière, aussi bien dans son amour pour une martiniquaise, Jeanne Duval, à une époque où le fait d’avoir une Noire pour maitresse fait double scandale, et se réfugiera dans un monde de « spleen ». S’il n’est pas l’introducteur du mot en France, il en aura fait le plus grand usage, dans une atmosphère de morosité malsaine dont le titre du recueil Les Fleurs du mal qui l’a rendu célèbre tout en provoquant le scandale résume assez bien la tonalité. Avec lui, qui ne sera jamais un homme d’action, tout au plus un Albatros incapable de marcher sur le plancher des Hommes et plus à l’aise dans un ciel de tempête et de lourds nuages que dans un ciel bleu, le mot de désespoir apparaît presque trop fort pour qualifier son mal-être. On ne peut attendre beaucoup de combativité d’un homme sur le crâne incliné duquel l’Angoisse plante son drapeau noir.

Mais Baudelaire apporte une originalité dans la poésie de son temps par sa sensibilité panartistique : au-delà de la littérature, son esthétique touchera à la musique et à la peinture. Avec Diderot, il est le seul écrivain français qui se soit profondément intéressé aux autres arts que la littérature et il s’est révélé un critique très averti. Son sonnet célèbre Correspondances est une illustration de son ouverture non seulement aux arts mais à ce que je pourrais appeler d’un terme un peu cuistre de polysensorialité.

A ce titre, il peut être considéré un peu comme un précurseur de Rimbaud par la richesse de la palette de ses sensations et sa capacité à en tirer des effets poétiques totalement nouveaux.

Morceaux choisis

  • Les phares, Les Fleurs du mal, Spleen et idéal, VI, 1857
  • Correspondances, Les Fleurs du mal, Spleen et Idéal, IV, 1857
  • L’Albatros, Les Fleurs du mal, Spleen et idéal, II, 1861
  • Spleen, Les Fleurs du mal, Spleen et idéal, LXII, 1857

Pourquoi j’ai choisi ces textes ? (HJ)

On pourrait disserter sur le choix fait par l’écrivain de peintres de la Renaissance et de contemporains, à l’exception du seul Watteau et constater l’absence des artistes du XVIIe siècle classique ou baroque aussi bien italiens que français. Sans doute parce que leur esthétique est trop lumineuse, mais on s’étonne un peu de ne pas voir figurer Caravage dans cette liste, alors que sa violence, ses accents de lumière sur l’ombre, une certaine forme de naturalisme dans le choix de ses modèles, auraient pu déterminer Baudelaire à le retenir. On s’étonnera moins de voir Watteau dans la sélection dans la mesure où ses atmosphères brumeuses, ses paysages hors du temps et ses espaces flous ont pu, par leur étrangeté et leur miroitement incertain, tenter Baudelaire.

Notons que c’est sans doute le sfumato de léonard de Vinci qui justifie sa présence ici, que ce n’est pas le plafond de la Sixtine mais le lieu vague de la fresque du Jugement dernier beaucoup plus romantique qui font retenir Michel Ange et que ce sont les corps torturés atlantes sur qui pèsent les porches et les balcons qui représentent Puget. Mais le plus intéressant est, me semble-t-il, au-delà. Pour la première fois peut-être dans l’histoire littéraire un hommage est rendu aux artistes, et qui reconnait leur grandeur, plus haut que toutes les autres créations humaines, à la limite de l’éternité.

Poète maudit dont on dirait aujourd’hui qu’il fut toujours mal dans sa peau a aussi écrit d’autres correspondances comme dans son poème Les phares où il rend hommage aux grands artistes des siècles passés et contemporains. Mais il est aussi connu pour être le poète du spleen, c’est à dire du mal-être qu’on se doit de citer aussi car il éclaire plus que tout autre texte sa personnalité profonde et désespérée.

L’Albatros est encore une de ces célèbres allégories qui, une fois de plus, montre toute la difficulté pour le poète, ou l’artiste, de se confronter avec le monde dans lequel vit l’homme ordinaire, ce que nous appelons « le plancher des vaches ». Loin des cieux, des orages, des nuées, des sphères éthérées, des contingences humaines enfin, sur lesquelles plane le poète détaché de tout ce qui le rattache à la glèbe. Il lui est alors presque impossible de retrouver notre monde banal dans lequel il peine à se mouvoir et à s'intégrer.

Quatre poèmes portent le nom de Spleen. Le dernier rend bien compte de l’état d’esprit du poète qui s’abandonne au désespoir sans le moindre recours.

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