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Gabrielle Fiteau-Chiba

Biographie Filteau chiba

Née en 1987 à Montréal, Gabrielle Filteau-Chiba est écrivaine engagée pour la sauvegarde de la nature. Après ses études à l’Université Laval, elle travaille comme traductrice avant de quitter Montréal en 2013 à la recherche d’un mode de vie en harmonie avec la nature. Elle s’installe près de la rivière Kamouraska à Saint-Bruno dans un petit chalet sans électricité ni eau courante.

Inspirée par son séjour dans son refuge, elle publie la première édition de son premier roman Encabanée en 2018.

Ensuite, paraitront Sauvagines (2019) et Bivouac (2021) suivis de d’autres ouvrages dont un recueil de poésie, La forêt barbelée (2024), qui met en avant son engagement pour la défense de l’environnement. 

Morceaux choisis

  • Encabanée,  2021 (2e éd.)

Pourquoi j’ai choisi ce texte ? (HJ)

Gabrielle Filteau-Chiba est une Québécoise militante de la protection de l’environnement. Écœurée par les défauts et les vices de la vie urbaine, elle a décidé de se retirer au fond de la forêt. Dans Encabanée, elle raconte les péripéties d’Anouk qui, comme elle, va vivre en pleine solitude dans une cabane mal isolée. Aucun bruit sauf, de temps en temps le sifflement d’un train lointain et le ronronnement du feu qu’il faut à tout prix entretenir. Pour la narratrice, c’est une expérience pour découvrir, se dépasser, par un double apprentissage :

« Le thé noir à la cardamone bout sur le poêle. J’ai la langue brûlée à force d’espérer que le baume des Indes coulant dans ma gorge saura réchauffer mes os. Ou redonner à mon squelette une posture moins accablée.

Les bûches d’érable sont alignées près du poêle, à portée de main, de sorte que la nuit je n’aie qu’à entrouvrir la porte pour réalimenter les braises sans quitter mes couvertures de laine. Chaque soir, je reconstruis couche par couche mon lit au bord du feu, espérant toujours que cette fois, la formule sera la bonne : la combustion lente du poêle sera optimale, et ce ne sera pas le froid, mais le chant des mésanges qui me réveillera. C’est une question de santé mentale que de garder cet objectif en tête. C’est une question de dépassement, de perfectionnement technique.  (.)

J’ai appris à tâtons les secrets des essences. Le bouleau à papier attise les flammes, l’épinette sert de petit bois d’allumage, et l’érable donne de longues bouffées de chaleur (.) »

Le terrible froid de l’hiver québécois avait été sous-estimé. Non seulement, il faut s’approvisionner constamment en bois mais une seule erreur, le fait de ne pas avoir recouvert le trou d’eau de la rivière, a fait geler cette source et il faut des quantités de pelletées de neige pour faire fondre la glace dans une médiocre casserole. Et puis, on a beau être déterminée et courageuse, en attaquant la glace à la hache, un éclat tranchant comme de l’acier a fait une vilaine blessure au visage. La réparation avec des moyens de fortune laissera une cicatrice indélébile.

Mais qu’importe, on a du bois, un crayon qui ne gèle pas et permet de tenir un journal, un gros tas de bois et une pile de bouquins. Mais malgré tout l’isolement pèse. Miraculeusement, un gros chat noir viendra peupler la solitude. Mieux, un homme, un militant de la cause écologique poursuivi par la police viendra se réfugier dans la cabane et partager un instant la vie de la recluse. Elle l’aidera à échapper aux poursuivants, heureuse de cette aventure imprévue, tout en laissant dans son journal les mots savoureux de la langue québécoise.

Téléchargez les morceaux choisis

Encabanée, Paris, © Éditions Gallimard, coll. Folio, 2021, 116 p.