Biographie 
Né en 1972 à Casablanca, Issam-Eddine Tbeur, agrégé de Lettres françaises, écrivain et scénariste, enseigne la littérature française à l’Université Mohamed V de Rabat. Il commence à écrire depuis 1997 et publie plusieurs textes dans des magazines et ouvrages collectifs. Son premier recueil de nouvelles, Rires et insignifiance à Casablanca, qui parait en 2015, présente des personnages ambivalents évoluant dans des intrigues à Casablanca. Onze nouvelles évoquent des aspects surprenants du Maroc contemporain et, principalement de Casablanca. Cette ville tentaculaire, au nombre impressionnant de préfectures n’est pas si corsetée qu’on pourrait croire et elle affiche dans ses bas-fonds un éventail de toutes les turpitudes qu'une cité de plus de 3 millions d’habitants peut recéler, avec quelques coups de projecteurs plus discrets sur la cité du Bouregreg ou même peut-être Fez.
Lauréat de plusieurs prix littéraires, Issam-Eddine Tbeur publie en 2018, un premier roman, Les anges ne volent pas au-dessus de la Mecque et de la poésie en 2019 avec Il était une fois.
Un deuxième recueil de nouvelles, Don Quichotte à Casablanca paraitra en 2022.
Morceaux choisis
- « Taxi », Rires et insignifiance à Casablanca, 2015
Pourquoi j’ai choisi ce texte ? (HJ)
Ce recueil de nouvelles m’a tout de suite plu. En fait, je l’ai adoré et j’ai tout dévoré d’un trait, sans pouvoir m’arrêter jusqu’à la dernière ligne. Chacune de ses onze nouvelles, en effet, sait susciter l’intérêt du lecteur, au point que j’ai eu beaucoup de peine à en sélectionner une plutôt qu’une autre. Si finalement j’ai retenu un extrait de « Taxi », ce n’est pas parce qu’elle serait la meilleure mais parce que ce texte dépeint une vision critique et introspective de la dépendance quotidienne à un système perçu comme oppressif. Le narrateur se sent à la fois victime et spectateur de sa situation, incapable d’en sortir mais en même temps conscient de la dimension d’aliénation qu’elle recouvre. Issam-Eddine Tbeur dénonce avec beaucoup d’habileté les relations de pouvoir, et souligne la frustration face à l’injustice sociale tout en exprimant des réflexions sur la condition humaine.
Toutes ces nouvelles ont les qualités qui font le charme de ce genre littéraire qui a vu de grands auteurs comme Mérimée s’en emparer. Dans le cas d’Issam-Eddine Tbeur, c’est le monde dégradé de la misère, de l’alcool, de la vieillesse et du pouvoir qui est mis en scène sans fard, dans des situations burlesques, dramatiques ou de déchéance, avec, d’une part, l’environnement plus désenchanté que coloré de la capitale marocaine et, d’autre part, la dose de piment nécessaire pour conduire les récits vers une chute aussi sordide qu’inattendue. Ajoutez à cela une langue d’une magnifique souplesse qui développe ses descriptions impitoyables avec l’humour et le nécessaire détachement du metteur en scène, des traits inattendus qui témoignent d’une perception aigüe du monde contemporain. Je crois aussi que l’auteur est un philosophe qui s’ignore et dont les leçons sont très percutantes. Bref, j’ai pris un très grand plaisir à lire ces nouvelles et je voudrais que l’auteur, nous offre d’autres échantillons juteux de son talent.
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