Biographie
Jacques-Bénigne Bossuet est le plus célèbre des orateurs sacrés du XVIIe siècle, période à laquelle la France connut un fort mouvement de rechristianisation comme suite au concile de Trente. Même Richelieu a écrit un catéchisme. Connu pour ses oraisons funèbres et ses prêches du Carême, Bossuet a eu une grande notoriété du fait qu’il avait été choisi par Louis XIV pour devenir le précepteur de son fils le Grand dauphin mort prématurément en 1711, mais aussi pour être l’auteur d’un Discours sur l’histoire universelle. Bossuet a exercé une très grande influence sur la politique religieuse de Louis XIV. Il est demeuré le plus connu des grands prédicateurs bien que ses contemporains Bourdaloue, Fléchier ou Fénelon aient eu un très grand succès aussi bien religieux que mondain. On venait en foule assister à leurs sermons qui constituent un véritable genre littéraire inégalé depuis.
C’est de la très grande éloquence, en quelque sorte, les grandes orgues, une musicalité majestueuse qui exploite toute la dramaturgie de la Bible et de l’Evangile pour asséner des vérités universelles qui écraseront l’incroyant. Tel est le dessein du Discours sur l’histoire universelle.
Mais proche du roi, « l’aigle de Meaux » comme l’appelleront ses contemporains est aussi actif dans la querelle religieuse qui oppose les jansénistes au pouvoir royal. Il fera également partie de ceux qui se féliciteront en 1685 de la « Révocation de l’édit de Nantes » pourtant accordé aux protestants par le roi Henri IV en 1598, cette révocation applaudie par la plus grande partie de la population du royaume, sera pourtant une véritable catastrophe qui conduira plusieurs centaines de milliers de protestants à quitter la France et à mettre leurs talents au service des étrangers d’Angleterre, d’Allemagne, de Suisse et des Pays-Bas.
Morceaux choisis
- Oraison funèbre d’Henriette de France, 1669
Pourquoi j’ai choisi ce texte ? (HJ)
Il faut être honnête, c’est l’un des plus célèbres de Bossuet et je n’ai pas très grand mérite à l’avoir retenu. Il n’empêche que la solennité du ton, l’ampleur des phrases, la succession des périodes font de ce court passage un des plus beaux morceaux de l’éloquence religieuse. Et l’on en trouverait beaucoup d’autres dans la même oraison funèbre. Ici le style est en harmonie avec la grandeur du sujet traité : on le goute encore mieux si l’on prononce le texte à haute voix pour en sentir toutes les résonances. Il faut s’imaginer tout l’appareil de ces pompes funèbres, catafalque immense, torrents de fumée d’encens, flammes de centaines de cierges, draps noirs tendus entre les colonnes, foule des grands seigneurs au pied de la chaire, pour prendre la mesure de cette langue qui roule comme les vagues de la mer, comme les accords des grandes orgues ou comme les grondements du tonnerre. Et l’incantation latine d’un passage des psaumes par laquelle Dieu s’adresse directement aux rois accroit la puissance et la dramatisation de l’exhortation. Grandeurs du siècle abolies dans le néant de la mort, mais grandeur de l’amour de Dieu salvateur ! Sur ces registres, et dans ces oppositions qui parlaient à leurs contemporains élevés dans la connaissance de l’Ecriture sainte, les prédicateurs du XVIIe siècle n’ont pas eu d’égaux, non seulement de leur temps mais peut être jusque dans le nôtre, à l’exception peut-être de de Gaulle et de Malraux dans le registre de la vie politique. Ils ont, sans doute, dans leur domaine, dépassé les plus grands tragédiens du siècle et ce n’est pas peu dire.
Téléchargez les morceaux choisis
Bossuet oraison fune bre d henriette de france (61.22 Ko)