José-Maria de Heredia

BiographieHeredia

José-Maria de HEREDIA est un poète né à Cuba et naturalisé français en 1893 illustre un mouvement issu d’une école poétique représentée par la revue Le Parnasse contemporain par référence au Parnasse (qui est le séjour des dieux de la Grèce antique). Il n’a écrit pratiquement qu’un seul recueil de poésies, surtout des sonnets, selon le principe de l’art pour l’art, c’est à dire la volonté de ciseler la langue à la recherche d’une perfection formelle indépendamment du message que contiennent les textes. Il adopte la formule de l’écrivain du XVIIe siècle, Boileau, qui disait : « Un sonnet sans défaut vaut seul un long poème. »

Son recueil, Les Trophées, contient essentiellement des sonnets auxquels il s’est efforcé de donner une perfection par la précision des mots employés, au risque de faire perdre son caractère poétique au texte. On en trouve un exemple dans Après Cannes où l’abondance du vocabulaire historique latin peut dérouter ceux qui n’ont pas une connaissance poussée de la Rome antique, de sa religion et de sa topographie. Ce souci, comme il le dit lui-même, de ciseler « le combat des Titans au pommeau d’une dague » aboutit à des textes impeccables mais parfois un peu affectés et privés d’élan poétique. Mais il est finalement relativement en harmonie avec l’architecture un peu chargée et hyperdécorative de cette période, juste avant le symbolisme qu’il annonce déjà. Ce sonnet « Le récif de corail » est de 14 vers (2 quatrains et 2 tercets).

Morceaux choisis

  • Le récif de corail
  • Les conquérants
  • Antoine et Cléopâtre

Pourquoi j’ai choisi ces textes (HJ) ?

Les conquérants sont peut-être le sonnet le plus célèbre de Heredia. Comme dans les deux autres œuvres de ce poète de l'Art pour l'art, comme dans Le Récif de corail ou Antoine et Cléopâtre, l'auteur s'attache donner à ses textes une coloration particulière par l'emploi de mots rares tirés, soit des sciences naturelles (vermiculé, madrépore), soit de l'Histoire (Palos, Moguer ou Bubaste et Saïs) et permettant de créer des sonorités étranges ou nouvelles. Il est amusant de comparer ce vocabulaire savant avec un autre sonnet, Ma Bohème d'Arthur Rimbaud où le jeune génie, âgé de 16 ans utilise au contraire un vocabulaire volontairement vulgaire (poches crevées, élastiques, souliers blessés) pour en tirer des effets poétiques inconnus jusqu'alors.

Dans Les conquérants, c’est la fureur de vivre des conquistadors, ces soldats sans foi ni loi, capables de conquérir un empire avec une poignée d’hommes et, si cruels qu’ils aient été, tout de même, d’une certaine façon, dignes d’être admirés. Heredia y ajoute une dimension cosmique et poétique qui transfigure le voyage. Il ne s’agit plus seulement de découvrir un nouveau monde de terre et d’or mais d’accéder à un nouveau ciel et, par ce biais, de transcender les appétits vulgaires de ces barbares hidalgos en inscrivant le mouvement de leurs caravelles et de leurs rêves dans celui des nébuleuses et des constellations.

Dans Antoine et Cléopâtre, au premier quatrain, l’évocation de la terre d’Egypte avec sa richesse, au second, la puissance du conquérant romain, au premier tercet, la sensualité de Cléopâtre, bien qu’elle ait eu sûrement les yeux noirs, et, dans le dernier, la prémonition de la fuite d’Actium, premier signe du destin vers la tragédie finale de l’épée et du serpent.

Lisez les morceaux choisis

Heredia le recif de corailHeredia le recif de corail (59.28 Ko)

Heredia les conquerantsHeredia les conquerants (62.22 Ko)

Heredia antoine et cleopatreHeredia antoine et cleopatre (62.46 Ko)