Biographie 
Née à Téhéran en 1980, Maryam Madjidi quitte son pays et arrive en France en 1986. Après des études de lettres à la Sorbonne et une spécialisation en littérature comparée, elle devient enseignante de français en France et également à l’étranger.
Dans son premier roman, Marx et la Poupée, publié en 2017, elle raconte son enfance et l’exil. Elle reçoit le prix Goncourt du premier roman pour cet ouvrage.
Son deuxième roman, Pour que je m’aime encore, paru en août 2021, raconte son adolescence en région parisienne mêlant humour et réflexions sur l’intégration sociale.
Morceaux choisis
Pourquoi j’ai choisi ce texte ? (HJ)
Dans une maison de Téhéran, sept ans après le retour de Khomeiny, une petite fille de cinq ans voit son père distribuer des tracts communistes en cachette et sa mère renoncer à l’université. La peur est partout, les arrestations et la torture se succèdent autour d’elle. Ses parents décident de partir. Il faut tout abandonner, à commencer par les jouets. Peur de la police au moment de prendre l’avion. Arrivée en France pour partager à trois une chambre sans confort. Affronter des enfants qui parlent une autre langue. Souffrir à tout instant l’exil. Toute nouveauté rappelle le monde perdu, en particulier celui de la grand-mère aimée restée au pays. Comme toujours, l’arrachement est double. D’un côté l’obligation de s’approprier une langue nouvelle, de l’autre la nécessité d'enfouir la langue maternelle, « de cacher (sa) différence et de procéder à un effacement total ». À cette acquisition difficile du français que rencontrent tant d’immigrés, s’ajoute l’interrogation qui se pose à beaucoup : comment peut-on être français ? En lavant sa mémoire et son identité pour que « la récompense soit accordée » ?
Je me demande parfois si la question se pose dans les autres pays ou si elle est propre à notre pays... Le miracle, c’est Julien l'instituteur qui est attentionné, et qui a les yeux bleus et les cheveux blonds. Heureusement, notre héroïne qui avait obstinément refusé d’écouter son père quand il voulait lui faire apprendre le persan, réussit à retrouver et à maitriser et à retrouver sa langue maternelle, « la vieille femme » qu’elle avait oubliée, et elle arrive enfin ce qu’elle appelle « la réconciliation ». Le retour au pays d’origine peut alors s’accomplir et les retrouvailles avec la grand-mère scellent cette réconciliation entre les deux langues et les deux cultures. Être iranienne et française à la fois, c’est possible « avec une étrange manière de marcher sur le chemin de la vie : un pied en France et un pied là-bas. »
Lisez les morceaux choisis
Marx et la poupée, Le nouvel Attila, J’ai lu, 2016, 218 p.