Biographie 
Pierre Corneille, qu’on décrit souvent comme un homme âgé n’avait que 30 ans quand il a écrit Le Cid. Sa renommée a tout de suite été considérable.
« En vain contre le Cid, un ministre se lègue
Tout Paris pour Chimène a les yeux de Rodrigue. »
On connait le fameux sujet de dissertation : « Corneille décrit le monde tel il devrait être, Racine le décrit tel qu’il est. »
1636, date du Cid, du Discours de la méthode, de la défaite humiliante de la France contre les Espagnols à Corbie, horreurs de la guerre de 30 ans, la représentation du Cid a eu lieu un moment où des valeurs d’héroïsme sont attribuées à des ennemis de la France, au mécontentement du Cardinal de Richelieu, chef d’orchestre la politique royale. Mais les Parisiens qui détestent le Cardinal sont en pleine « Cidomania ». Toutefois, sa gloire sera un peu atténuée lorsque, 30 plus tard, son rival, Jean Racine, en 1666 publiera Andromaque. On comparera longtemps les deux écrivains mais par exemple, Mme de Sévigné restera toujours fidèle à Corneille.
Morceaux choisis
- Acte I scène 6, Le Cid, 1636
- Acte V scène 3, Cinna, 1641
Pourquoi j’ai choisi ces textes ? (HJ)
Presque toutes les pièces de Corneille ont une résonance politique liée aux évènements de son époque. La plus importante est évidemment Le Cid. Le cardinal de Richelieu avait été très irrité de voir présenter sous des couleurs héroïques une pièce qui faisait une espèce de propagande en faveur de l’Espagne, notre ennemie. Rappelons ce qu’en dit le poète Boileau :
« En vain contre le Cid un ministre se ligue,
Tout Paris pour Chimène a les yeux de Rodrigue. »
Il en est sorti l’Académie française, car Richelieu, soucieux de contrôler les propos des littérateurs, a décidé de se faire le protecteur de cette institution naissante et il a été suivi dans cette démarche par tous les souverains, à commencer par Napoléon qui a refusé le discours de réception de Chateaubriand.
Cinna, c'est encore de la politique. Le sous-titre de la pièce « La clémence d’Auguste » publié en 1643 est inspirée par les désordres du règne de Louis XIII et des conjurations diverses dans lesquelles ont trempé les plus grands personnages du royaume à commencer par la reine-mère Marie de Médicis et le propre frère du roi Gaston d'’Orléans. Les contemporains y ont aussi vu une allusion transparente au complot fomenté par le protégé de Richelieu, le marquis de Cinq-Mars, favori du roi, exécuté publiquement à Lyon pour haute trahison. La leçon de clémence suggérée par Richelieu avait été repoussée par Louis XIII, ulcéré d’avoir été trahi par celui qu’il avait comblé de faveurs. Un peu plus tard, c’est la même clémence que Louis XIV refusera au surintendant des finances, Nicolas Fouquet et, unique exemple dans l'’histoire de France, il aggravera la peine du surintendant au lieu de l'adoucir, en l’enfermant dans la forteresse de Pignerol en Italie où ce dernier mourra.
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Corneille le cid acte i sce ne 6 (65.89 Ko)
Corneille cinna acte v sce ne 3 (62.74 Ko)