Rutebeuf

Biographie

RutebeufLa poésie française du Moyen Âge est relativement peu connue et on en sous-estime la richesse. Bien entendu, tout le monde connait Le Serment de Strasbourg qui date de 842, par lequel les trois petits fils de Charlemagne se sont partagé son empire. Mais c’est un texte très bref, en prose, qui n’apparait que plus tard dans une chronique de Nithard, un autre petit fils de Charlemagne.

 

Rutebeuf, dont il est question ici n’est pas le premier poète, né en 1245 et décédé en 1285. On connait bien entendu La Chanson de Roland d’un supposé Tubold (vers 1060), Le Roman de la Rose de Guillaume de Lorris et Jean de Meung (XIIIe siècle), Le Roman de Renart, compilation de textes des XIIe et XIIIe siècles, si célèbre qu’il a fini par donner son nom à l’animal jusqu’alors simplement appelé goupil, ou encore Chrétien de Troyes (XIIe siècle) dont la réputation immense tient au fait qu’il est le premier auteur du cycle des légendes de La Table ronde bien avant qu’elle ne tombe dans le domaine minable des cinéastes anglo-saxons. Mais on pourrait citer une vingtaine d’autres et on peut conjecturer qu’il y en a bien d’autres dont les textes ont disparu. On sait peu de chose de Rutebeuf si ce n’est qu’il vécut à Paris sous le règne de Saint Louis et qu’il fut le protégé d’Alphonse de Poitiers.

Morceaux choisis

  • La Griesche d’hyver (Le guignon d’hiver)

 

Pourquoi j’ai choisi ce texte  ? (HJ)

Rutebeuf appartient à une veine de la poésie populaire qui fait penser à l’avance à ce que sera plus tard François Villon. C’est une personnalité très forte à la vie très troublée qui a passé beaucoup de temps dans les tavernes et au jeu, sans parler de ses démêlés variés avec ses contemporains. Sa poésie reflète donc des épisodes réels de sa vie personnelle. Loin de la poésie un peu sucrée et courtoise de ses contemporains, il n’hésite pas à affronter des vérités plus dures et plus crues dont témoigne sa poésie La Griesche d'hyver, même si la transcription en français d'aujourd’hui n’a pas tout à fait la même saveur que le texte original dont nous ne donnons qu'une strophe dans son écriture originelle :

Contre le temps qu'arbre des fueille,

Qu'il ne remaint en branche fueille

Que n'aut a terre

Por povreté qui moi aterre

Qui de toutes pars me muet guerre,

Contre l'yver,

Dont molt me sont changié li ver

Mon dit commence trop diver

De povre estoire.

Le guignon est un mot qui a presque disparu de notre langue moderne. On le trouve encore dans le titre d’un poème de Baudelaire. Il désigne la malchance persistante qui s’acharne sur un individu.

Dans les années 1950, une émission satirique présentait devant un tribunal un malheureux auquel arrivaient tout un tas de mésaventures : le nom de ce malheureux, toujours accablé par le président du tribunal, s'appelait précisément Le Guignon. Si le mot qui date du XIIe siècle n’est guère plus usité son quasi synonyme, la guigne, lui a survécu. En revanche, griesche n’est plus connu de nos jours. On ne le retrouve que dans le nom d’un oiseau réputé pour sa férocité, la pie grièche...

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