Biographie 
François-Marie Arouet dit Voltaire a fait de bonnes études dans ce qui est devenu plus tard le lycée Louis-Le-Grand. Très vite son intelligence brillante, sa vivacité, son esprit caustique l’ont fait remarquer et, très vite, il s’est attiré de nombreux ennemis que son ironie et sa verve satirique indisposaient. Une partie de sa vie est donc faite d’escapades pour échapper aux coups de bâton des aristocrates ou à la police des rois. Réfugié un temps à Cirey avec son amie, Madame du Chatelet, puis un autre temps, chez le roi philosophe Stanislas Lezczinsky, duc de Lorraine indépendant mais beau-père du roi de France tout de même, il alternera les présences à la cour et les voyages de sécurité sans pouvoir se priver de l’esprit de Paris.
Mais le plus célèbre de ses séjours sera celui qu’il fera chez Frédéric II de Prusse à Potsdam qu’il flattera outrageusement avant de se rendre compte que le « Salomon du Nord », comme il l’appelait, est encore plus despote qu’éclairé. Les deux hommes se brouilleront et Voltaire, qui espérait faire rire toute l’Europe sur les écrits du monarque qu’il avait subtilisés à son départ de Berlin, devra restituer aux soldats prussiens le précieux dépôt. Après un séjour à Genève qu’il devra quitter pour avoir indisposé les autorités locales, il finira par s’établir dans le pays de Gex où il jouera au financier avisé et au gentleman farmer, appliquant du reste intelligemment à ses paysans ses théories économiques et agricoles. A l’abri du besoin car il a fait d’heureuses spéculations sur les fournitures aux armées, nourri par la fécondité de sa plume, il mobilisera sa plume en faveur de personnalités injustement condamnées, prônera plus et mieux que ses contemporains, l’idée nouvelle de tolérance et combattra avec beaucoup de hargne l’Eglise catholique de son temps dans ses Contes et dans ses lettres philosophiques.
Plus que ses comédies, tragédies et son épopée qui paraissent bien fades aujourd’hui, ce sont ses écrits à portée philosophique qui laissent la meilleure idée de lui. Son intelligence sans illusions et sa lucidité lui ont fait prendre parti contre le despotisme, l’inégalité, la guerre, l’intolérance mais s’il a fini dans le camp de la liberté, des esprits délicats pourront lui reprocher d’avoir, à certains moments de sa vie, fréquenté d’un peu trop près des tyrans et des coquins et de s’être parfois trop accommodé de l’esclavage…
Nos frères québécois n’ont jamais digéré sa phrase malheureuse sur les « quelque arpents de neige » que représentaient leur pays abandonné aux Anglais par la monarchie et l’on doit bien reconnaitre que notre auteur s’est fait connaitre davantage pour son esprit que pour la bonté de son cœur.
Morceaux choisis
- Chapitre VII, Le souper, Zadig, 1747
Pourquoi j’ai choisi ce texte ? (HJ)
Tout d’abord j’ai choisi parmi toutes les œuvres de Voltaire Zadig car je trouve que Voltaire y parle de façon plaisante de choses sérieuses et son écriture me parait beaucoup plus limpide que dans Candide où certains passages tournent à la grosse farce. Que ce soit le mystère de la destinée avec le chapitre sur l’ermite ou ce passage du souper sur les différences entre les religions, sous une apparente liberté de ton, Voltaire exprime son déisme de façon humoristique et confie à Zadig le soin de donner une leçon de tolérance à des furieux prêts à s’étriper. Ce qu’on voit du monde aujourd’hui avec tous les intégristes et tous ceux qui prennent leurs ordres directement de Dieu montre que la leçon de Voltaire n’a pas vieilli et qu’elle devrait davantage être enseignée.
Dans beaucoup de cas, les adeptes des religions accordent plus d’importance aux rites et aux signes extérieurs qu’à la doctrine et aux comportements. Quand on constate, sur la foi d’un sondage de 2007 qu’il y a plus de chrétiens pour croire aux miracles qu’à la résurrection de Jésus qui est pourtant le point fondamental du christianisme, on voit que Voltaire ne serait pas au chômage s’il revenait parmi nous, même s’il était fondamentalement hostile au christianisme tel qu’il était vécu sous ses yeux. Enfin j’apprécie cet orientalisme qui permet de prendre de la distance et qui colore de sa poésie légère les propos de l’auteur. Dans la bouche de Zadig, ils acquièrent un côté ingénu qui fait tout le charme du conte et qui rend ce personnage aussi sympathique qu’un héros de roman.
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Voltaire zadig chapitre 7 (88.03 Ko)