Biographie 
Germaine de Staël, née à Paris en 1766, grandit dans un environnement intellectuel très stimulant. Fille de Jacques Necker, ministre des Finances sous Louis XVI et de Suzanne Necker femme de lettres franco-suisse, elle reçoit une instruction encyclopédique et développe le gout de la littérature et de la politique. Après un mariage de convenance avec le baron de Staël à l’âge de dix-neuf ans, elle ouvre un salon littéraire qui accueille des écrivains, des philosophes et des politiciens.
En s’opposant au régime napoléonien, elle se trouve contrainte de quitter Paris pour s’exiler en Suisse en 1803. Elle s’installe au fameux château de Coppet où elle reçoit l’élite intellectuelle de l’époque, connue, selon la célèbre phrase de Stendhal, comme « les États généraux de l’opinion européenne ». En effet, intellectuelle cosmopolite, Mme de Staël accueille des personnalités de plusieurs nationalités ainsi que de religion et de sensibilité politiques différentes ; ils vont débattre autour de thèmes variés comme la politique, de l’économie, de l’histoire, de la littérature, des phénomènes religieux et de la liberté. S’ennuyant pendant son exil en Suisse, elle veut rejoindre l’Angleterre mais pour ce faire, elle doit faire le tour de l’Europe ! Lors d’un long périple, elle s’épanouit au contact d’autres civilisations (allemande, anglaise, autrichienne et russe) et consolide ses convictions philosophiques et politiques.
Nourrie de ces échanges, son œuvre diversifiée constituée d’essais, de lettres et de romans, témoigne d’une époque de mutations politiques et culturels en Europe. En abordant la condition féminine, elle prône la liberté de la femme dans un monde dominé par le patriarcat dans ses deux romans, Delphine et Corinne ou l’Italie. Au contact d’autres cultures, elle élargit ses horizons et va percevoir l’Europe plutôt comme une unité de culture et de civilisation qu’un ensemble de nationalités indépendantes.
Morceaux choisis
- Tome I Seconde Partie, Chapitre XIV, Du goût, De l’Allemagne, 1814
- Extraits de la Lettre III - Delphine à Mathilde, Delphine, 1802
Pourquoi j’ai choisi ces textes ? (PN)
Du goût, De l’Allemagne, 1814 : Dans De l’Allemagne, en tant que véritable médiatrice des cultures, Mme de Staël nous parle de ce pays et de sa grande culture pour harmoniser les sensibilités française et allemande sur plusieurs sujets dans une proposition de paix. Déjà au XVIIe siècle, elle préconise l’intérêt des échanges interculturels littéraires en Europe, sources de débats variés et d’inspirations multiples en critiquant dans ce texte la cruauté de certaines scènes du théâtre shakespearien. Ce faisant, elle montre comment la richesse des rencontres interculturelles peut influencer les transformations sociales dans des populations différentes. Elle distingue le gout littéraire et le gout social en comparant une vision française très proche des conventions à la tendance allemande plus créative et libérale. Chacun a ses qualités et ses défauts. Le bon équilibre et l’ouverture d’esprit seraient de mise dans le domaine artistique et littéraire.
Delphine à Mathilde, Delphine, 1802 : Mme de Staël utilise la forme épistolière pour donner un aperçu très détaillé des conventions sociales et de la complexité des relations entre les personnages. L’héroïne, assez indépendante d’esprit, traverse des dilemmes qu’elle essaie de dépasser en exprimant ses sentiments sur l’amitié, l’amour, les devoirs moraux et les divergences religieuses. Affectée par le jugement sévère et injuste de sa cousine, elle se défend bien pour nous faire méditer sur la liberté relative de la femme dans la société, la tolérance et l’acceptation mutuelle dans toute relation amicale et amoureuse, sujets de débats loin d’être résolus encore aujourd’hui, plus de deux siècles plus tard…
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