Biographie
Michel de Montaigne est un gentilhomme de petite noblesse né dans la province de Guyenne (Aquitaine). Il a reçu une éducation soignée par son père qui lui a appris la musique, les Lettres et le latin. Esprit curieux, il commence une carrière dans la magistrature de sa province puis au parlement de Bordeaux. C’est là qu'il rencontre un de ses collègues, Etienne de la Boétie avec qui il nouera une amitié très profonde jusqu’à la mort de ce dernier en 1563. Cette mort contribuera à éveiller chez lui une vocation philosophique. Chez Montaigne, la religion tient une place modeste et l’époque très troublée dans laquelle il a vécu ne lui a sans doute pas permis d’extérioriser ce qu’il en pensait au fond de son âme. Toutefois, il en respectera toujours scrupuleusement la pratique. Engagé dans une carrière diplomatique, il deviendra riche à la mort de son père en 1568, il sera appelé par deux fois à diriger la mairie de Bordeaux. Il sera l’un des négociateurs dans les relations compliquées entre le roi Henri III et le roi de Navarre, Henri de Bourbon qui deviendra le roi Henri IV lorsque Henri III sera assassiné. Montaigne soutiendra le nouveau roi.
À partir de 1578, il sera atteint de calculs aux reins qui le feront souffrir régulièrement et il se réfugiera dans l’écriture pour rédiger son ouvrage majeur, Les Essais, qui demeurera un des livres les plus importants de la littérature française. Il avait fait aménager dans son château une bibliothèque où il a passé le plus clair de son temps. Tout le reste de sa vie, il déplorera les excès des guerres de religion.
Morceaux choisis
- Au lecteur, Les Essais, 1580
- Livre I chapitre XIX : Que philosopher, c’est apprendre à mourir, Les Essais, 1580
Pourquoi j’ai choisi ces textes ? (HJ)
Le premier est fondamental puisqu’il explique la raison pour laquelle Montaigne a écrit Les Essais. C’est la première fois dans la littérature française qu’un écrivain se livre « de bonne foi » comme il le dit lui-même dès la première ligne de son livre. On en trouve peu d’exemples si ce n’est dans Les Confessions de Jean-Jacques Rousseau qui devraient faire l’objet d'une comparaison avec Les Essais. Montaigne ne cherche pas à se montrer plus beau, plus grand ou plus vertueux que sa réalité mais simplement naturel sans omettre ses défauts. Ainsi cet ouvrage pourra paraitre dans les siècles qui suivront comme l’un des plus vrais qui aient été pensés par un homme du XVIe siècle. Même Rousseau a sans doute été un peu plus « coquet » que Montaigne et la réflexion de ce dernier sur la condition humaine est l’un des plus précieux témoignages que l’Histoire nous ait donnés.
Le second est un morceau du célèbre chapitre : Que philosopher, c’est apprendre à mourir. Arrivé à 39 ans, Montaigne énumère différents types de morts inattendues et montre combien il est vain de vouloir échapper à ce qui est inévitable. Dès lors, on pourrait retourner l’argument et dire que philosopher c’est apprendre à vivre. Ne serait-ce que parce que la mort, et ce qui la précède, occupe peu de temps par rapport à la durée de notre vie. Ou parce qu’elle arrivera bien assez vite sans qu’on ait à s’en préoccuper... Ce qui est sous-jacent dans le propos de Montaigne c’est qu’apprendre à mourir pourrait bien signifier qu’il faut apprendre à bien user de sa vie. Si l’on suit ce précepte sage, alors la mort ne serait plus qu’un beau point final.
Un autre auteur, La Rochefoucauld, un siècle plus tard, s’est intéressé au même problème et sa réponse, à savoir qu’il vaut mieux ne pas regarder cette mort, me parait un peu plus pessimiste. On la trouvera dans les deux dernières pages des Sentences et maximes morales de 1678... Avis aux apprentis philosophes...
Une dernière remarque. On pourra comparer aussi les graphies du texte original des Essais avec celles des éditions contemporaines. Souvent, l’orthographe diffère. Parfois des mots ou des expressions de l’époque ont vieilli ou sont devenus incompréhensibles, la syntaxe elle-même n’est plus tout à fait la même. C’est que près de quatre siècles ont passé et que la langue a évolué à la façon de la lave qui s’écoule d'un volcan et le mouvement ne cesse pas de génération en génération...
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